Au détour d’une rue, il tombe nez à nez avec une statue en téléchargement… — « En téléchargement ? Mais tu racontes n’importe quoi. Ça se télécharge pas une statue… »

Pourtant c’est bien ce que suggère le premier solo-show du Socle. Un buste d’Antoine Coypel, à moitié téléchargé et laissant dépasser de sa base un Loading inscrit sur une icône de carte mémoire. Le duo d’artistes Rero et Stéphane Parain interrogent les formes les plus actuelles, comme l’éternité des formes « classiques ».

Après tout, avec une imprimante 3D, une découpeuse laser, ou tout autre outil de prototypage rapide, on peut très bien imaginer le temps de téléchargement du plan vectoriel dans la machine et voir, lentement, se dessiner, se sculpter le buste de Coypel à mesure que les informations transit dans les tuyaux de fibres optiques et que les outils numériques font leur oeuvre…

Nous voyons encore régulièrement ces images de « loading » qui nous font patienter. Sorte d’animation pour distraire l’attention d’une humanité numérique qui a oublié le goût de l’attente et de l’ennui et dont les téléchargement — les chargements lointains — sont un prétexte de plus à s’occuper l’esprit…

Mais Loading, associé au Socle, c’est aussi une invitation à l’atterrissage, au Landing. Ou, pour le dire autrement, à l’impression du monde… Le duo nous interroge sur ce fragment dans lequel nous nous trouvons, à mi-chemin d’un numérique physicalisé et d’une matérialité numérisée.

RERO et Stéphane PARAIN sont nés dans les années 80. Ils vivent la ville comme un décor sur lequel intervenir et matérialiser leurs approches. Rero se distingue par l’utilisation systématique de la police VERDANA et de textes barrés. Un clin d’oeil à une époque qui s’intéresse à ce qui est barré, interdit ? PARAIN, explore des rives, a priori, plus classiques. Meilleur ouvrier de France, il réalise des décors pour l’Opéra de Paris. Leur collaboration et l’alliance de leurs points de vue interrogent cette chose dans le jeu, cette res in ludio, cette illusion que sont aujourd’hui nos vies et nos sociétés…